À propos de la Qi'méya

Issue des pratiques indigènes de l'Amérique centrale, et influée par d'autres disciplines telles que le Tai Chi Chuan, le Qi Gong et les danses sportives, la Qi'méya porte une richesse culturelle qui se cache derrière la simplicité même : les jeux de balle. Néanmoins, ceux qui la rencontrent pour la première fois se posent souvent les questions suivantes :

Qu'est-ce que la Qi'méya ?D'où provient-elle ?Quels sont ses bienfaits ?Pourquoi une balle ?
Où se pratique la Qi'méya ?Comment diffère-t-elle d'autres pratiques ?Qui l'enseigne ?

Qu'est-ce que la Qi'méya ?

Qi'méya - 4 pratiquantsLa Qi'méya est avant tout un jeu sportif à pratiquer en groupe. Il est également un moyen ludique d'apprendre à s'adapter aux changements à travers l'interaction avec un objet externe.

Il existe beaucoup de sports et d'arts différents qui partagent ce même but. Cependant, la Qi'méya commence ce processus avec une balle, tout comme la gymnastique rythmique (GRS), le chinlon et le Tai Chi ball. Et non seulement c'est beau à voir, mais la Qi'méya entraîne aussi une conscience corporelle qui aide à retrouver un équilibre dans la vie quotidienne.

Le but de la Qi'méya est donc de rétablir des habitudes saines de mouvement physique et mental, tout en s'amusant seul ou en groupe. Ceci se fait à travers des exercices d'écoute corporelle, des jeux de balle avec un ou plusieurs partenaires, et par l'identification d'habitudes aboutissant à des tensions chroniques.

Poussée au bout, la Qi'méya aide à retrouver la joie d'explorer toutes les possibilités de mouvement entre corps et esprit. Elle aide aussi à aborder les évènements de la vie avec une spontanéité provenant d'un lâcher-prise qui est le résultat direct de cet art.

 

Des racines dans l'Amérique centrale

Les méthodes utilisées dans la Qi'méya sont dérivées d'un apprentissage de la part de Jeff Sylverwind dans l'école toltèque de don Miguel Ruiz, auteur de « Les quatre accords toltèques » et enseignant dans une lignée de ces indigènes de l'Amérique centrale.

Les disciplines toltèques forment leurs élèves dans l’art de l’adaptation aux changements inattendus, et ouvre de nouveaux horizons de possibilités allant de simples changements de comportement, jusqu’à surmonter les doutes et les peurs qui nous empêchent d'atteindre nos vrais buts dans la vie.

Le nom « Qi’méya » (prononcer « Tchi-mé-ya ») vient de deux mots nahuatl, la langue des toltèques, des mayas et des aztèques. Le premier, méya, signifie « le flux ». Le deuxième, prononcé tchi, signifie « en expansion ». Alors, la Qi'méya est l'art de suivre le flux de ses mouvements, qui deviennent donc fluides, et de cultiver le flux de cette conscience interne pour le mettre en expansion et explorer toutes les possibilités d'interaction avec un objet externe.

Suite à de nombreuses remarques selon lesquelles certains exercices dans la Qi'méya étaient très proches du Qi Gong, l'art énergétique par excellence des chinois, le nahuatl tchi s'écrit qi, mot qui signifie « l'énergie vitale » en chinois.

 

Une influence de l'Orient

Un des premiers exercices abordés dans l'apprentissage de la Qi'méya est le Do In - Qi Gong. Cet art consiste en des étirements et des stimulations musculaires dans l'ensemble du corps, dans le but de retrouver une profonde détente et une souplesse corporelle naturelle.

Ces exercices ont souvent un effet remarquable, et sont une bonne préparation pour d'autres pratiques qui demandent une bonne écoute dans la détente, tels que le Tai Chi Chuan et le shiatsu (acupression avec les doigts). Ce dernier a des liens très forts avec la Qi'méya, dû à son application de pressions perpendiculaires et stables, en utilisant le poids du corps plutôt que la force musculaire. Car qu'est-ce qu'une pression stable qui vient perpendiculairement à la surface de la peau ? La réponse est simple : c'est un équilibre.

Alors, la Qi'méya utilise des roulements et des rebondissements pour stimuler les muscles en surface et en profondeur, et des équilibres pour aider le corps à se détendre et à disperser les tensions accumulées dans la vie quotidienne.

Une plume ne peut pas atterrir sans faire baisser l'ensemble du corps.

La citation ci-dessus vient du Tai Chi Chuan, largement répandu pour la profonde détente qu'il évoque. Le Tai Chi est basée sur des principes universels de santé, tels que les mouvements fluides qui se font en toute douceur. Comme la Qi'méya, le Tai Chi est un art interne, c'est à dire qui se concentre plus sur les choses qui se passent à l'intérieur du corps que sur la forme qu'elles prennent en remontant en surface.

 

Pourquoi une balle ?

Goutte d'eauDit simplement, la sphère est la forme la plus simple dans la nature, vue également dans les planètes et les étoiles, ainsi que dans les bulles et les gouttes de pluie. Ce fait provient du principe que la distribution la plus naturelle est celle d'une égalité, que ce soit de la distance du centre dans la forme d'une balle, ou de la valeur de tout et chacun dans le grand schéma de la vie.

Les balles ont également une histoire d’usage intensif dans les jeux de toutes les cultures, et font souvent partie des jeux des animaux. Elles ont même servi dans les rituels sacrés des aztèques, ainsi que dans la médecine chinoise et le Tai Chi Chuan.

En plus, le cercle symbolise les cycles naturels tels que le jour et la nuit, l'activité et le repos, et les saisons de l'année. Pour les anciens, ce monde était un cycle où il n'y avait ni début ni fin, dans lequel chacun trouvait sa bonne place à tout moment de sa vie.

La Qi'méya met donc une grande importance sur le fait de porter attention aux cycles naturels du corps et de l'esprit, et d'avancer à un rythme adapté à tout et chacun.

 

Où se pratique la Qi'méya ?

Étant un sport extrêmement flexible, la Qi'méya peut se pratiquer dans une salle de sport, en pleine nature, ou même dans une file d'attente ou devant un arrêt de bus. Il y a des exercices qui demandent plus d'espace et qui sont donc plus adaptés aux premiers, ainsi que de petits roulements et rebondissements qu'on peut faire sans avoir à se déplacer.

Quand elle est pratiquée en groupe, les joueurs ou Qi'méyalli doivent trouver un espace assez grand pour éviter les collisions entre les partenaires, les murs et les passants. La largeur de l'espace dépend du groupe, et même sa hauteur joue un rôle pour certains exercices. Par exemple, les lancements et rebondissements peuvent aller plus haut que la plupart des plafonds, et il serait donc préférable de se retrouver dans un espace ouvert.

Sur Grenoble, des cours et rencontres ont lieu régulièrement en salle. En plus, il arrive parfois de se retrouver en plein air pour passer un moment agréable de jeux en groupe. Pour plus de précisions, voir la page Activités.

 

Comment la Qi'méya diffère-t-elle d'autres pratiques ?

La méthode qui a donné naissance à la Qi'méya a des racines dans la pensée orientale sur la fluidité, l’équilibre et le wu wei, ou « non-agir ». Ceux-ci forment la base de nombreuses pratiques orientales, y compris la guérison, les arts martiaux et l’alchimie interne. Les méthodes utilisées dans l’apprentissage de la Qi'méya sont dérivées d'un apprentissage de la part de Jeff Sylverwind dans les pratiques des indigènes de l'Amérique centrale.

Comme la plupart des autres disciplines, la Qi'méya a ses propres jalons et marques de réussite. Toutefois, elle est unique parmi beaucoup de pratiques en ce que ces « marques » peuvent être observées à la fois de l’extérieur dans l’avancement physique de l’élève, ainsi que de l’intérieur dans son ressenti de plus en plus approfondi.

La Qi'méya diffère de beaucoup d’arts martiaux dans la mesure où les débutants savent très vite quand ils perdent la bonne voie, et de certains arts visuellement semblables en ce que l’accent n’est pas mis sur l’apprentissage de nouvelles figures à effectuer devant autrui, mais plutôt sur la conscience interne et la sensibilité qui sont les conséquences directes de l’entrée en équilibre et en harmonie avec un objet externe.

Toutefois, il serait bien utile de comparer la Qi'méya à quelques pratiques similaires :

  • La gymnastique rythmique (ou GRS)
  • Le Tai Chi Chuan (souvent écrit Taiji Quan)
  • La danse contact impro
  • Le chinlon et le kemari, sports anciens de l'Asie
  • La jonglerie de contact, ou jonglage contact

 

La gymnastique rythmique

Gymnastique rythmique avec un ballonCréée dans les années 40 et devenu sport olympique en 1984, la gymnastique rythmique se repose principalement sur les principes de la danse classique, et y rajoute plusieurs engins y compris un gros ballon. Chaque prestation est chorégraphiée sur une musique, et est notée selon la difficulté des mouvements et les fautes d'exécution. Lorsque la gymnaste se sert d'un ballon, elle la lance en l'air, l'attrape avec une partie de son corps, et la fait rouler tout autour de son corps. On pourrait dire que la GRS est un sport surtout artistique, mais qui comporte également un composant extrêmement physique.

La Qi'méya, par contre, ne se préoccupe pas des fautes artistiques de ses pratiquants. Alors que la musique et la percussion peuvent aider le corps à trouver un rythme adapté, il n'y a pas de chorégraphie car le ressenti interne prend bien plus d'importance que l'aspect visuel externe. Et même si les principes enseignés dans la Qi'méya peuvent s'appliquer à d'autres objets que les balles, on s'entraine surtout avec les balles car c'est des objets très simples qui ne demandent pas de mouvements compliqués de la part du pratiquant.

Et comme dans la GRS, on se sert également des lancements de balle dans la Qi'méya pour l'attraper ou la faire rebondir sur le corps. Par contre, quand on l'attrape, ce n'est pas pour la coincer mais pour la laisser libre de se déplacer ou elle veut. Cette liberté exige que le pratiquant reste bien à l'écoute des signaux de son corps, et qu'il s'adapte à tout imprévu. On pourrait donc dire que la Qi'méya est un sport surtout physique, mais qui peut avoir l'air artistique selon le niveau et le désir du pratiquant.

 

Le Tai Chi Chuan

Yang - simple fouetArt ancien chinois souvent confondu avec une danse, le Tai Chi Chuan est à la base un art martial. Il existe plusieurs familles qui pratiquent cette « boxe de l'éternelle jeunesse » (traduction non-littérale mais qui met en valeur son usage médicinal), dont le style Yang est le plus populaire. Ce dernier se repose sur plusieurs principes : par exemple, le boxeur cherche une unité entre le haut et le bas du corps, garde une continuité de mouvement sans interruption, et reste décontracté en ne se servant pas de la force musculaire. En plus, il cherche un calme qui s'exprime par la lenteur dans les mouvements, et qui permet aussi de garder le cœur au calme.

Bien que la Qi'méya ne soit pas un art martial à la base, elle se repose essentiellement sur ces mêmes principes. Lorsqu'ils maîtrisent un minimum les bases de l'enseignement, les mouvements des pratiquants deviennent fluides, expansifs et naturels. Les différentes parties du corps bougent ensemble dans une harmonie qui est à la fois agréable à ressentir et à voir. Parce qu'on ne se soucie pas de suivre une chorégraphie ou d'avoir une exécution parfaite, on peut se détendre et laisser ses mouvements se ralentir de plus en plus.

Et cet aspect-là est très important, car contrairement au Tai Chi Chuan, la Qi'méya commence souvent avec des mouvements rapides pour rattraper les erreurs inévitables durant l'échauffement. Avec un peu de temps et de patience, les mouvements deviennent de plus en plus fluides et spontanés, la respiration se calme, la tête se vide de sa réflexion habituelle, et on retrouve une joie dans l'action ainsi que dans le repos.

 

La danse contact impro

Apparu aux États-Unis dans les années 70, le contact improvisation, ou danse contact impro est une forme de danse moderne extrêmement libre où les danseurs partent d'un point de contact et vont vers une exploration de l'espace et de toutes les possibilités de mouvement dans cet espace. C'est une danse totalement improvisée, où on dit que la terre est votre premier partenaire :

La terre est bien plus grande que vous, donc il faut apprendre à coordonner avec elle. - Nancy Stark Smith

Un point que cette forme de danse partage avec la Qi'méya, c'est qu'il y a une forte mise en valeur de la conscience corporelle et des réflexes physiques plutôt que des mouvements consciemment contrôlés¹. L'expérience corporelle prend donc un rôle primaire face au processus cognitif, et ce dernier peut même disparaître ou servir seulement comme un outil pour éviter le danger.

Pour la plupart, la Qi'méya elle aussi est totalement improvisée, car les Qi'méyalli explorent les différents trajets possibles en voyant comment leurs corps peuvent s'adapter non seulement au corps étranger, mais aussi au sol et aux actions des autres participants.

 

Le chinlon et le kemari

Il existe plusieurs prédécesseurs anciens du football moderne, dont deux sont proches de la Qi'méya. A l'origine, ces sports ne se constituaient pas d'équipes opposées, mais dépendaient seulement de la coopération entre les joueurs.

Chinlon en 1899Le chinlon est le sport par excellence de Burma, ou Myanmar. Un groupe de joueurs se mettent en cercle, et en faisant rebondir un petit ballon sur différentes parties du corps, ils essaient de le garder en jeu le plus longtemps possible. Souvent, un des joueurs se met au centre du cercle pour faire une longue séquence de coups, et les autres tournent autour de lui pour lui renvoyer le ballon si besoin est.

Une équipe peut être constituée de membres des deux sexes, ainsi que des jeunes et des plus âgés. Bien qu'il n'y ait pas de compétition, la forme est très importante. Il y a une façon correcte de positionner les bras, les mains, le torse et la tête, et un coup est seulement considéré bon si ces critères sont remplis. Les joueurs sont souvent accompagnés par un orchestre qui donne un rythme au jeu et accentue les coups. Tous les bons joueurs expérimentent un état d'esprit extrêmement puissant qui provient d'une concentration absolue : s'ils se laissent distraire un seul instant, le ballon échappe à leur emprise.

Tokugawa Yoshimune jouant au kemariD'ailleurs, le kemari japonais ne se sert que du pied droit des participants pour garder un ballon en l'air. Joué à l'origine dans les vêtements de tous les jours, il a été adopté par les aristocrates qui en ont fait un jeu cérémonial pour faire honneur aux dieux. Entre six et huit nobles se mettaient en cercle et, après quelques coups pour tester leur contrôle du ballon, essayaient chacun à son tour de le passer aux autre joueurs.

Fait en peau de daim, le ballon avait un diamètre de 20cm et pesait entre 100-150g. Pour faire des coups de pied, les joueurs ne devaient fléchir ni leurs pieds, ni leur dos, ni leurs bras, et ne devaient pas montrer le bas du pied. En plus, ils criaient « ari », « ya » et « oh », les noms des dieux qui résidaient dans les arbres qui entouraient le champ de jeu. Quand le premier joueur attrapait de nouveau le ballon, le jeu était terminé. Ceci prenait souvent un peu plus de 15 minutes.

La Qi'méya partage le même côté coopératif de ces deux sports anciens. Mais pour garder la balle en jeu les Qi'méyalli se servent non seulement des coups, mais aussi des roulements et des équilibres sur toutes les parties du corps. Comme dans le chinlon et le kemari, ils se mettent en cercle, et soit ils font une séquence de roulements et rebondissements sur leur propre corps, soit ils passant la balle aux autres joueurs. Si la balle tombe par terre, tant qu'un des joueurs la récupère dans le flux, elle est considérée être encore en jeu.

Une balle idéale pour la Qi'méya aurait un diamètre d'à peu près 10cm, ou un peu plus petit que certains ballons de chinlon. Elle aurait également un poids d'un peu moins de 200g et une certaine élasticité qui lui permettrait de rebondir sur les tissus sensibles sans faire mal. Ce genre de rebondissement permet aux joueurs « d'échauffer » certains trajets sur lesquels ils ont du mal à faire rouler la balle.

Il n'y a pas de position corporelle qui est considérée être « correcte ». Par contre, il est important d'adopter des positions saines et détendues qui ne mettent pas les articulations en danger. Et comme dans le chinlon, la musique au rythme régulier (et surtout la percussion) aide énormément les joueurs à garder le bon état d'esprit. Car c'est seulement en restant bien concentrés sur l'action qu'ils réussissent à garder la balle en jeu.

 

La jonglerie de contact

David Bowie dans le film LabyrinthPopularisée dans les années 80s par le film « Labyrinthe » de Jim Henson, la jonglerie de contact, ou jonglage contact selon la région est un art de spectacle qui consiste à manipuler une ou plusieurs balles. Les trois disciplines majeures que comprend cet art sont le « multi-balles », les isolations et le « body contact ». Ce dernier consiste en des roulements sur toutes les parties du corps sauf les mains, qui sont souvent réservées à plusieurs balles qui tournent comme illustré dans l'image animée à gauche.

La plupart des actions dans la jonglerie de contact sont basées sur l'illusion. Un bon exemple serait les isolations, dans lesquelles l'artiste fait croire que la balle reste en place ou bouge toute seule pendant que l'artiste bouge tout autour d'elle. L'effet recherché et celui d'une bulle sans pesanteur qui flotte sur place ou qui s'envole de sa propre volonté.

Par contraste, la Qi'méya n'est concernée ni par les illusions ni par l'aspect visuel des actions des joueurs. Bien qu'il existe des trajets qui ressemblent à ceux de certaines isolations, il n'y a pas de contrainte au niveau du mouvement entre la balle et le corps. Ces mouvements répétés existent uniquement pour tester la stabilité du terrain avant d'aller plus loin. Il est également concevable qu'un joueur décide de voir ce qu'il arrive à faire avec plus d'une balle, mais ce ne serait pas pour les faire tourner dans la main comme avec le « multi-balles ».

En fait, le seul point commun entre la jonglerie de contact et la Qi'méya, c'est que la balle quitte les mains pour rouler sur le reste du corps. Pourtant, même cette action-ci est enseignée et effectuée d'une manière totalement différente. Par exemple, la jonglerie de contact met beaucoup de valeur sur les creux dans la surface du corps. Ces creux permettent à l'artiste de tenir une balle ailleurs que dans la main et d'interagir avec les spectateurs, tout en gardant un contrôle total de la balle.

Un tel niveau de contrôle est possible pour l'artiste car il s'agit d'un équilibre statique, alors que la Qi'méya travaille les équilibres dynamiques.

C'est à dire que les Qi'méyalli sont obligés de continuer à bouger et tourner pour garder la balle en équilibre. En fait, si dans un jeux de Qi'méya, la balle cesse de bouger en tombant par terre ou atterrissant dans un creux corporel, elle est considérée comme « morte » et le joueur peut être invité à la passer à quelqu'un d'autre.

Le « body contact » des jongleurs se caractérise également par des gestes brusques (et parfois même robotiques) pour déplacer la balle d'un creux à l'autre. Dans la Qi'méya, ce genre de mouvement est considéré comme dangereux pour les articulations, et un mouvement fluide et continu est plutôt encouragé. Finalement, la taille et poids optimaux de la balle ne sont pas les mêmes dans les deux disciplines. Alors que les jongleurs de contact disent souvent que les grandes balles (120cm et plus) sont idéales pour les roulements sur le corps, dans la Qi'méya on dit que chaque qualité d'une balle travaille un aspect différent du mouvement et de l'équilibre.

Par exemple, les petites balles travaillent les réflexes à cause de leur roulement erratique, alors que les grandes balles travaillent la transformation de l'intention en l'action. Également, les balles lourdes stimulent les muscles en profondeur, alors que les balles légères demandent de plus grands gestes et permettent les rebondissements sur les parties les plus sensibles du corps.

On arrive alors à la plus grande différence entre ces deux disciplines. Dans la jonglerie de contact il est généralement conseillé d'utiliser les mêmes balles sur les mêmes parties du corps, en travaillant toujours les mêmes mouvements dans le but de les maîtriser et d'effectuer une séquence prédéfinie de manipulations devant les spectateurs. Dans la Qi'méya il est plutôt conseillé de changer souvent de balle, de changer d'exercice et de mouvements, et d'explorer constamment de nouveaux trajets et de nouvelles possibilités pour arriver à un point où l'on réalise qu'on ne maîtrise plus rien, mais qu'on improvise ses actions spontanément et sans réflexion sur l'aspect visuel ou les choix possibles. On se perd tout simplement dans le pur ressenti que permet le lâcher-prise avec ou sans la présence d'autrui.

 

L'enseignant de la Qi'méya

Né aux États-Unis, dans le désert de la Californie du sud, Jeff Sylverwind a ressenti depuis tout petit une attirance vers deux pôles opposés de son éducation : le côté analytique et le côté créatif.

Jeff Sylverwind, enseignant de la Qi'méyaC'est pourquoi il a décidé de poursuivre deux pistes différentes à l'université. Pour satisfaire à sa curiosité sur les lois universelles qui gouvernaient l'univers, il a étudié la physique et a obtenu une maîtrise dans le domaine. Pour satisfaire à ses besoins de créer et de communiquer, il a étudié les langues, se spécialisant dans le français.

C'est pendant ses années à l'Université de Californie Los Angeles (UCLA), qu'il a rencontré des enseignants dans la lignée de don Miguel Ruiz (auteur de « Les quatre accords toltèques »), avec qui il a commencé un apprentissage.

Lorsqu'il est arrivé en France pour finir une maîtrise de français, il a découvert un mode de vie parfois très différent de ce qu'il avait connu dans le désert californien. On le questionnait beaucoup sur ses raisons en tant qu'étranger de faire comme ci ou comme ça, ce qui l'a conduit à réfléchir longuement sur son parcours dans la vie et sa relation avec les autres.

Ayant aimé danser seul depuis des années, il a décidé de suivre des cours de danse à deux comme le rock, le folk, et le swing. En même temps, pour satisfaire à son désir d'aider et de communiquer avec les autres, il a commencé des cours de shiatsu (parfois appelé « la communication par le toucher »). Ce dernier ayant de forts liens avec la médecine chinoise, Jeff s'est lancé dans la problématique de la relation entre les maladies, les habitudes et l'adaptation de l'individu à son environnement.

Actuellement certifié par l'école européenne de Iokai Shiatsu, il applique ce qu'il a appris dans la danse, l'acupression et la médecine chinoise à l'enseignement de la Qi'méya, sport qu'il pratique depuis plus de dix ans, et enseigne au grand public depuis plus de cinq ans.

 

Paroles de sagesse

« La vérité est le point d'équilibre de deux contradictions. »

- Proverbe chinois

« La victoire que le sage cherche à emporter vise non à dominer mais à pacifier et à faire régner un équilibre, à retrouver une totalité harmonieuse où la faiblesse et le renoncement jouent le rôle de contrepoids à la violence et au pouvoir dominateur. »

- Lao Tseu

« La vie n'est supportable que lorsque le corps et l'âme vivent en parfaite harmonie, qu'il existe un équilibre naturel entre eux, et qu'ils ont, l'un pour l'autre, un respect réciproque. »

- D. H. Lawrence